mardi 22 septembre 2009

MOUVEMENT INDIGÈNE


La crise mondiale contemporaine se manifeste non seulement dans sa dimension économique et principalement financière, mais représente aussi une profonde crise de civilisation du capitalisme mondial comme mode d'organisation de la société et de production de la connaissance, en même temps qu'elle interroge fortement le système de pouvoir sur la planète. Nous assistons à la décadence d'un système hégémonique unipolaire qui a de plus en plus besoin de l'intervention militaire brutale pour valider sa condition de domination, transformant la civilisation occidentale en une usine à barbarie, en une fabrique de politiques irrespectueuses des principes fondamentaux de coexistence de l'humanité.

À la base de ce système de domination se trouve la perspective eurocentrique comme fondement idéologique et comme forme de production et de contrôle de la subjectivité des sociétés. La production et la reproduction de la vie matérielle des peuples et l'élaboration de ses imaginaires sont dominées par l'idée que la civilisation occidentale est le seul modèle de civilisation de la planète, et que toutes les autres civilisations -qu'importent leur niveau d'élaboration et de complexité, leur degré de développement ou leurs apports à l'humanité- sont à considérer à peine comme des cultures retardées par rapport au modèle imposé. L'arrogance de cette vision eurocentrique non seulement a justifié de violentes formes de colonisation et de colonialisme, mais elle s'est aussi transformée en une barrière cognitive qui a empêché l'Occident de connaître et de comprendre la complexité du monde et les plus anciennes et importantes civilisations de la planète. Ont été dédaignées de la sorte des connaissances millénaires, des formes d'organisation de la vie et de la société non-occidentale, des manières plus humaines de relation avec la nature et la vie, des sensibilités esthétiques hautement élaborées, de la production artistique et culturelle de grande importance, des apports philosophiques et y compris une dense pensée sociale produite hors des pays centraux d'Occident.

L'eurocentrisme a imposé une façon de faire de la science et un chemin unique de production de connaissance qui a réduit à la condition d'ascientifique, parascientifique ou folklorique toute cette connaissance produite en-dehors de ces canons. Dans cette perspective, le temps n'existe pas, parce que la connaissance est universelle et valable pour tout temps historique et pour toute réalité sociale de la planète. Cette incapacité de comprendre que la théorie, la science et la connaissance sont des produits historiques a représenté une des limitations principales de la science positiviste. Cette science, toujours plus préoccupée par sa cohérence interne que par la réalité sociale, s'est enfermée sur elle-même pour produire ses propres prémisses et octroyer à ses aspirations la condition de conclusions scientifiques. Elle a perdu, de cette manière, la capacité de comprendre la complexité du monde contemporain et de toute tentative de prévision de cadres futurs. L'humanité est sur la voie d'une rupture profonde avec ces paradigmes de science et avec cette vision du monde et de l'humanité. (lire sur Tlaxcala la suite de cet article intitulé : Civilisation et modernité : le mouvement indigène en Amérique Latine. Auteure : Mónica BRUCKMANN. Traduction Thierry Pignolet.

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